Résumé de l'article

Joëlle Proust, Free Will : A Neurophilosophical Viewpoint
Le déterminisme implique que le libre arbitre n’existe pas, que nous ne pouvons pas faire autrement ; réciproquement, avoir la possibilité de faire autrement implique que le déterminisme ne s’applique pas à l’instant, s’il existe, où on l’exerce. Cependant, la question de la responsabilité rend difficile d’accepter que les agents ne puissent pas faire autrement et motive fortement à rendre compatibles déterminisme et libre arbitre ou à soutenir, dans une veine « incompatibiliste », que le cerveau humain n’est pas soumis à la loi du déterminisme. Le libertarianisme, c’est-à-dire l’idée que, chez l’agent humain, il existe des exceptions au déterminisme causal lors de l’activité cérébrale, n’est pas défendable à la lumière des découvertes récentes sur la cognition humaine. Selon le compatibilisme, un agent n’ayant pas la possibilité de faire autrement jouit encore de son Libre Arbitre. La théorie de Harry Frankfurt d’une volonté à plusieurs niveaux est étudiée de manière critique. On présente la preuve neuroscientifique d’un modèle de volonté en cascade, dans l’esprit de Frankfurt. Ce modèle permet l’émergence d’une forme de comptabilisme dans lequel l’agent peut plus ou moins contrôler ce qu’elle fait, dépendre plus ou moins de son environnement et dispose donc plus ou moins de son libre arbitre.

Mots-clef : compatibilisme, responsabilité, libertarianisme, désir, Haggard, Libet, Koechlin
tome 55, 2012: p.79-95